e livre envisage le groupe parisien des Nouveaux Réalistes, fondé en 1960 sur l'initiative du critique d'art Pierre Restany, sous l'angle décentré de ses rapports avec la jeune RFA. Sous l'égide d'Yves Klein, qui accède à la notoriété en 1957 à Düsseldorf, se cristallise rapidement un réseau d'artistes, porté par des amitiés et par des ambitions artistiques similaires, qui voit naître le groupe allemand ZERO, fondé par Heinz Mack et Otto Piene. L'efficacité de ces échanges et l'accueil positif qui est réservé outre-Rhin aux œuvres des Nouveaux Réalistes participent d'une évolution singulière : le rattrapage du modernisme et l'intégration politique, économique et culturelle dans le bloc de l'Ouest.Allant du « dépassement de la problématique de l'art », selon la formule de Klein, à la conquête esthétique de l'espace, la construction commune de perspectives utopiques suit l'impératif de l'originalité déjà forgé par les avant-gardes historiques quelques quarante ans auparavant. Fondée sur l'héritage de la rupture, cette posture, qui a permis aux artistes de faire leur histoire, se manifeste dans l'importante somme des écrits, constituée de textes publiés, de manuscrits et de correspondances de première main. Parmi les indices de cette posture, on compte le goût pour le récit, la chronique et les manifestes, partagé entre Parisiens et Allemands, tout comme le désir de prouver systématiquement d'avoir été le premier à faire du nouveau, bien souvent au détriment des causes communes. L'auteur les passe au crible, afin de dévoiler les fantasmes artistiques qui se cachaient derrière leur grammaire des objets, née en réaction à la société de consommation.