, Les récits populaires constituent un matériau vivant ; ils ne peuvent se résumer à une simple juxtaposition d'éléments déterminés. Ce découpage peut être rapproché d'un indicateur de tendances : il met en évidence les motifs caractéristiques d'un récit donné, ceux que l'on retrouve d'une version à l'autre et qui font son identité, mais quelques motifs peuvent se trouver modifiés ou supprimés dès l, L'analyse structurale doit lui permettre de déterminer les éléments qu'il faut conserver (les invariants) et ceux qu'il peut agencer à sa guise (les variants)

, Ce n'est pas le cas des figements qui sont les marques de fabrique d'un récit et méritent par conséquent un traitement à part. Ils permettent la reconnaissance immédiate d'un récit, car leur côté inhabituel, archaïsant, frappe l'esprit du lecteur. Ils doivent absolument être conservés dans le récit d'arrivée : ils sont le gage de la couleur locale, de l'étrangeté du récit

. Le, mais le style utilisé ne doit pas s'apparenter à un style parlé. Le récit proposé est destiné avant tout à être lu pour soi-même ; il doit laisser la place à l'imagination du lecteur pour créer son propre récit. En définitive, il doit « donner à entendre » sans forcer le trait. Il va de soi que le texte peut être repris et lu à un tiers

, Le traducteur doit s'efforcer de ne pas pécher par excès de zèle. C'est-à-dire qu'il ne doit pas chercher à créer une version exhaustive, parfaite, à partir des diverses versions qu'il a collectées, ce qui réduirait le récit à un archétype désincarné 35

, Même si la normalisation des récits est incontournable à l'écrit, le traducteur-conteur doit insuffler de nouvelles images qui soient acceptables pour le lectorat français

. Toutefois, il ne dispose pas entièrement de la même latitude que le conteur, dans la mesure où il est plus restreint par les versions existantes d'un récit que le conteur qui peut se permettre d'apporter plus d'éléments nouveaux

. Le, Il est aidé dans cette tâche par la glose du conteur : comme il s'adresse de plus en plus à un public étranger (à la région ou au pays), le conteur partage dans une moindre mesure la même culture que son auditoire et doit donc rattraper en partie cet écart de connaissances. Le traducteur peut se servir avec profit de ces clefs explicatives et y adjoindre celles qu

, mais ne pas pratiquer l'explicitation à outrance (dans le corps du texte et par des appels de notes) pour conserver la lisibilité du récit. Il doit évaluer au plus près les connaissances et les besoins du lecteur-cible : le contexte est-il suffisamment clair pour éviter une surcharge explicative ?, Le traducteur doit éclaircir les opacités du récit d'origine

, Le tout est de cerner au préalable l'objectif que cherche à atteindre le récit traduit : est-il censé incarner l'état d'un récit populaire à un temps t, Ces dix préceptes ne sont nullement limitatifs ni totalement novateurs ; ils ne constituent qu'un point de départ pour la recherche en traduction du folklore, 1984.

, Je pense par exemple à Antti Aarne et Kaarle Krohn qui ont développé une théorie selon laquelle pour chaque conte aurait existé une Urform, ou « forme primordiale », qui se serait par la suite dégradée, donnant ainsi naissance à de multiples variantes. Cette vision se situe aux antipodes des théories actuelles qui se recentrent sur l'art du contage (Zumthor, 1983.

, Comme Walter Ong (1982 : 11) l'exprime avec justesse, « when an often-told oral story is not being told

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. Comité-scientifique-:-claudine, M. Bavoux, J. Beniamino, P. Billiez, P. Blanchet et al.,

, Comité de lecture pour ce numéro : Francoise GADET