, que de me souvenir à jamais de vous. » Ô mon père, ou laissez-moi cette dernière consolation, qui est si juste, ou arrachez-moi la vie en ce moment, p.64

. Mentor and . Pitié, Vous croyez être tranquille, et vous demandez la mort ! [?] Pourquoi voulez-vous mourir 65 ? » Il lui faut employer, pour en finir, la manière forte -une forme de violence qui ressemble elle-même à la mort, vol.66

. Aussitôt-le-sage-mentor and . Poussant-télémaque, et s'y jette avec lui. Télémaque, surpris de cette violente chute, but l'onde amère et devint le jouet des flots. Mais, revenant à lui et voyant Mentor qui lui tendait la main pour l'aider à nager

, Télémaque en tire lui-même la leçon : Je ne crains plus ni mer, ni vents, ni tempêtes

, C'est alors (livre VII) que se place l'épisode du « chant divin » de Mentorl'une des rares occurrences du sublime dans le Télémaque

, La voix de Mentor n'avait aucune douceur efféminée ; mais elle était flexible, forte, et elle passionnait jusqu'aux moindres choses

P. Jupiter, Ensuite il chanta le malheur du jeune Narcisse, qui, devenant follement amoureux de sa propre beauté, qu'il regardait sans cesse au bord d'une fontaine, se consuma lui-même de douleur et fut changé en une fleur qui porte son nom. Enfin il 64 G 240 / OP 91. On remarquera que par amour pour Eucharis Télémaque est prêt à mourir, alors que par défaut d'amour pour Calypso il refusait l'immortalité : c

. Cf and . Montaigne, Je désire, dit saint Paul, être dissout pour être avec Jésus-Christ [cupio dissolvi (Philip., I, 23)] ; et : Qui me déprendra de ces liens ? Cleombrotus Ambraciota, ayant lu le Phédon de Platon, entra en si grand appétit de la vie advenir que, sans autre occasion, il alla se précipiter dans la mer, Essais (II, 3, allusion finale aux Tusculanes) : « Mais on désire aussi quelquefois la mort pour l'espérance d'un plus grand bien, p.59, 1983.

, Ajoutons que ce que nous avons appelé « cycle guerrier » dans le roman commence par un rappel des méfaits de l'amour, et de la grandeur de l'amitié : le récit, au début du livre XII, de la mort d'Hercule, causée par sa passion pour Iole

, Les Aventures de Télémaque se donnent dans les premières éditions comme une Suite du quatrième livre de l'Odyssée, comme une incise, p.75

, Nous reprenons l'expression à J. Le Brun (Les Aventures de Télémaque, Préface de l'éd. Folio, vol.493, p.270

. Ph and . Sellier, Essai sur l'imaginaire des Aventures de Télémaque, vol.76, pp.329-344, 1998.

&. A. On-est-loin-en-effet-de-ce-qu, L. Michel-;-dans-le-grand-siècle, and . Bible, Beauchesne, 1989) appelle le « sublime noir » de l'oraison funèbre, ce « sublime de la mort » chez Bossuet, plus en rapport sans doute avec « l'obsession baroque de la mort

M. , Vovelle et qui chez Fénelon se trouverait plutôt dans des passages où, selon l'expression de Jacques Le Brun, il sait « théâtraliser l'horreur » : combats épiques, mort des méchants (Bocchoris, Astarbé) ; passages qui relèvent donc selon nous

, valeureux capitaine à la recherche d'un royaume, poursuivi par la vengeance divine, est une figure errante, qui rappelle à Télémaque son propre père, et annonce celle du pseudo-Cléomène. Cette vertu de compassion est illustrée ailleurs dans le livre ; voir par exemple la rencontre avec Cléomène : « L'exemple d'un homme encore plus malheureux que lui adoucissait la peine de Télémaque, p.79

, Il faudrait en ajouter un troisième, à la fin du livre XVII, mais qui concerne Idoménée : sa tentative de faire de Télémaque son fils par substitution, puis l'échec de celleci, peuvent être lus comme une sorte de répétition de l'initiation de Télémaque lui-même

, violente impression. C'était un sentiment vif et délicieux, qui était mêlé d'un tourment capable d'arracher la vie

. Enfin, le discours de Mentor se trouve accompagné d'une sorte d'intrigue parallèle 81 qui loin de le parasiter, comme elle en a l'apparence, est au contraire nécessaire, et doit être menée à son terme, pour que le contenu de ce discours soit « incorporé 82 » : histoire d'une émotion, ressentie par Télémaque à la vue d'un inconnu arrivé par la mer

, Alors une impression secrète de douleur saisit le coeur de Télémaque ; il s'afflige sans savoir pourquoi ; les larmes coulent de ses yeux, et rien ne lui est si doux que de pleurer

. Enfin, il revient un peu de cette espèce d'enchantement, et les larmes recommencent à couler de ses yeux

, mais nous n'en trouvons pas de meilleur), la chérir même comme ce qu'il y a de meilleur en nous, de plus intime, pour ouvrir à la vérité son chemin. C'est l'équivalent littéraire exact de la « préparation du coeur » qu'enseignaient les écrits spirituels : un sentiment confus de notre impuissance, un désir de ce qui nous manque, un penchant à trouver au-dessus de nous ce que nous cherchons en vain au dedans de nous-mêmes, une tristesse sur le vide de notre coeur

, On voit qu'une étude complète du lien entre la spiritualité de Fénelon et Les Aventures de Télémaque devrait s'arrêter au détail de l'organisation du récit -s'interroger en particulier, comme nous venons de le suggérer, p.80

, Il est possible de faire le rapprochement avec l'expérience mystique (Fr.-X. Cuche, Télémaque entre père et mer, op. cit., p. 256) -mais de notre point de vue, à la condition de considérer cette dernière comme anticipation de la mort, et non pas de la vision béatifique. Sur cette dimension, d'ailleurs classique (le « mourir de ne pas mourir » chez Thérèse d'Avila : Muero porque no muero), voir P.-L. Landsberg, Essai sur l'expérience de la mort, pp.315-321, 1936.

, Nous reprenons le mot très fort employé à propos de la lumière au livre XIV : elle « s'incorpore » aux justes « comme les aliments s'incorporent à nous, vol.246

, G 564-565 / OP 321 (c'est nous qui soulignons)

. Fénélon, Lettres sur divers sujets concernant la religion et la métaphysique, VI, OEuvres, éd. cit., t. II, p.811

, et la signification, à la fin du roman, des deux rencontres successives : avec Cléomène (Ulysse) puis avec Minerve (transfiguration de Mentor) 85 . Il ne s'agissait ici que de montrer en quoi les deux cycles narratifs que nous avons décrits obéissaient à une nécessité dans la transformation de Télémaque, c'est-à-dire dans l'éducation du prince : la prise en compte des expériences majeures de l'amour et de la gloire, des Enfers (livre XIV) dans cette économie de la narration

J. Voir, . Goré, ;. Le-télémaque, and E. A. Blanc, études reprises dans Je ne sais quoi de pur et de sublime?Télémaque, op. cit. Voir également Fr.-X. Cuche, Télémaque entre père et mer, et notre article « Les fins du Télémaque, 1963.