Résumé Intervention de Simon Daniellou, chercheur associé à l’équipe Arts: Pratiques et Poétiques – Université Rennes 2 Si les formats panoramiques ont pu souffrir de la démocratisation des écrans 16/9e (étirement du 1,66:1, recadrage du 1,85:1) en raison de leur proximité avec le ratio 1,77:1, les formats larges (de 2,00:1 jusqu’à 2,76:1) apparaissent comme les grands gagnants de l’évolution du marché de l’édition numérique d’oeuvres audiovisuelles. En effet, une fois passés quelques égarements de jeunesse (réutilisation de masters Pan&Scan jadis destinés à l’édition sur support magnétique, non respect du soft-matte, absence d’encodage 16/9e), le mode d’affichage « letterbox » s’est trouvé valorisé par les nouveaux formats de téléviseurs cathodiques et surtout d’écrans plats, voire même revendiqué par l’appareil promotionnel, son respect figurant comme un argument de vente des premiers DVD, particulièrement sur le marché nord-américain. Ainsi, élaborés pour concurrencer l’implantation de la télévision dans les années cinquante, les formats larges ont à nouveau dû mener une bataille symbolique avec les écrans domestiques, imposant un nivellement par le haut des standards de diffusion mais participant par la même occasion au renforcement de cette concurrence à travers le développement du « home cinema ». Nous tenterons de mettre au jour ce type de paradoxes grâce à l’étude des registres de discours employés lors de la promotion d’éditions numériques d’oeuvres tournées et projetées en formats larges anamorphosés ou non. La publicité autour du procédé d’encodage « smilebox » récemment mis au point pour la commercialisation sur disques numériques (DVD, Blu-ray) de films originellement projetés en Cinerama et tournés selon diverses techniques de prises de vues (Cinerama donc, mais aussi Cinemiracle, Super Technirama 70, Kinopanorama, Ultra Panavision 70, etc.), concentrera particulièrement notre attention.