. Rolland and . Les-français-À-leur-histoire-nationale, comme à une source d'art populaire 20 », mais elle respecte également la lisibilité de l'action, la clarté de la langue et la simplicité des caractères (l'innocence versus le vice, incarnés respectivement par Jeanne d'Arc et l'évêque Cauchon)

, Arc -alors, bien sûr, qu'au XV e siècle, les notions d'unité française et de sentiment national n'existent pas -repose sur une conception du territoire formé de toutes ces « petites patries », qui concourent à la constitution d'un territoire riche de ses diversités

, Maurice Pottecher présente deux pièces, une sérieuse et une, plus légère. Malgré des registres différents, les deux évoquent la réconciliation des communautés devant le danger, vol.21

, La première, Liberté, est un drame qui se passe pendant la Révolution française

, Le retour du fils, qui s'accuse d'avoir tué un noble, au service duquel il s'était engagé, car « [celui-ci] voulait quitter la France pour aller appeler nos ennemis 22 », créé une scission au sein du village, entre ceux qui se rangent derrière les idées progressistes et ceux qui, suivant l'apparente sagesse du père, condamne ce geste. Toutefois, l'arrivée de troupes révolutionnaires, qui annoncent que la « patrie est en danger » et que « les étrangers marchent contre [eux] pour détruire [leur] oeuvre » conduit à la réconciliation des habitants du village autour d'un serment de défense de la République et de la patrie. Le vieux paysan demande alors à son fils, qu'il pardonne : « [...] pour que mon sommeil sont bon, mon fils, tâche que les étrangers ne marchent pas sur moi 23 !

R. Rolland, Les Loups, qui date de la même année et transpose dans le contexte des guerres révolutionnaires les enjeux de l'affaire Dreyfus -, Maurice Pottecher dénonce la logique du bouc-20 Ibid, p.112

, Dreyfus éclate à l'automne 1894 et conduit à l'arrestation, puis à la dégradation publique du capitaine Dreyfus en janvier 1895, suivie quelques temps après par son emprisonnement en Guyane. Émile Zola fait paraître son texte titré J'accuse en première page du journal L'Aurore le 13 janvier 1898. Le second procès du capitaine Dreyfus se tient à Rennes en 1899

M. Pottecher and . Liberté, , p.68, 1898.

, émissaire, qui conduit à soupçonner François d'être à l'origine d'un incendie

, Témoignage que la pièce constitue un appel à la réconciliation, elle sera reprise en, 1946.

L. La and . Lundi-de-la-pentecôte, déplace la question du conflit et le risque de conséquences funestes si les protagonistes s'y complaisent, d'un enjeu national à un enjeu local, voire intime. La borne -celle qui sépare les champs et métaphoriquement le village dans la première, celle qui marque la frontière géographique et la nostalgie d'une libre circulation à travers les montagnes vosgiennes, dans la seconde -symbolise matériellement ces divisions internes. Le Lundi de la Pentecôte illustre, en effet, les dangers des rivalités à l'intérieur de la communauté villageoise. Deux familles, qui se détestent de longue date

. Pentecôte, Occupés à se chamailler pour un prétexte futile -une rivalité concernant le coin habituel de pique-nique -les pères de famille ne voient pas que le petit Paul est tombé dans la mare

, D'autres pièces mettent en avant les différends entre villages. Ainsi, C'est le Vent ! ridiculise la haine entre villages. Les causes de l'animosité sont oubliées, mais le moindre incident (ici le changement de position d'une statue) rallume les passions

, Hautrupt, les spectateurs pouvaient reconnaître la situation de Bussang et de

L. Moselle, La mise en scène de ces querelles et le dénouement sous forme de réconciliation générale attestent la volonté politique de Maurice Pottecher de faire un théâtre d'union nationale

. Mais, cet appel à la réconciliation au sein de la communauté, métaphore de la nation, trouve également un prolongement humaniste par le rapprochement des ennemis héréditaires, p.le, 1907.

G. De and . Pierné, Cette cantate avait été jouée à l'Opéra, en décembre 1895. Elle rappelait les événements qui avaient marqué le jeune Gabriel Pierné, lorsque, enfant, il avait vu défiler sous ses fenêtres, à Metz, les troupes françaises défaites, en 1871. Sa famille avait ensuite fait le choix de s'exiler à Paris pour y ouvrir une école de musique, pp.1863-1937

, Gabriel Pierné gardait la nostalgie de la ville de son enfance, désormais allemande, comme l'héroïne du roman de Maurice Barrès, Colette Baudoche, vantait les qualités de la ville perdue (Les 24 Ibid, p.51

M. Pottecher and L. Lundi-de-la-pentecôte, , p.208, 1898.

. Bastions-de-l'est, Lorsque la cloche frappe les douze coups de minuit, 1908.

. De-noël and . Qu, en mezza-voce, les choeurs invisibles murmurent un Noël populaire allemand. Les belligérants se répondent, comme si une trêve s'était installée. La pièce exalte ainsi l'espérance et la foi et rêve d'une réconciliation des hommes par-delà les lignes de feu

. De-maurice-pottecher, M. De, and . Barrès, est essentiellement défensif : il n'appelle ni à la Revanche, ni à la haine envers l'Allemagne. Il repose sur un optimisme humaniste dans les vertus de l'Homme et dans sa capacité à dépasser les douleurs passées. Composées sur le mode de la fable, les pièces de Pottecher s'achèvent souvent sur la mise en valeur de vertus morales universelles, fort proches des valeurs chrétiennes : l'amour du prochain, l'empathie, la sincérité, la tempérance, le renoncement

, Son fils, Jean, semble hériter de cette morale, puisqu'il s'engage comme infirmier pendant la

, Première Guerre mondiale et refuse de porter le fusil

, Ce déterminisme du sol est alors associé implicitement à la continuité de la race, ce qu'explicite Barrès en ces termes : Je suis la continuité de mes parents. Cela est vrai anatomiquement, ils pensent et parlent en moi, En revanche, comme chez Barrès, les écrits de Pottecher reprennent cette ode à la terre lorraine, qui produit des hommes sains et vigoureux, vol.26

, En effet, l'auteur inscrit ses pièces dans un monde pré-industriel et se méfie des avancées techniques et de l'attraction urbaine. Seul le nationalisme, cet amour de la terre et de la patrie, cet accord du local, du national et de l'universel, forme un rempart. L'attachement au sol natal permet d'aimer la grande patrie, de repousser l'étranger afin de conserver sa fidélité aux ancêtres et à leurs vertus. Sa conception du répertoire articule cette fonction de défense particulariste des richesses culturelles locales avec une vision proprement nationale. Ce qui renvoie à la conception barrésienne de la nation 27 , qui défend le sentiment de fierté nationale, Apparaît alors une dimension très forte du répertoire pottechérien : son conservatisme devant un monde ébranlé, notamment par les pouvoirs du progrès, vol.28

M. Barrès and M. Cahiers, cité par Zeev Sternhell, Maurice Barrès et le nationalisme français, p.259, 1929.

D. Voir-marion, Une généalogie méconnue du théâtre populaire en France : Jacques Copeau, le régime de Vichy et l'influence de la tradition barrésienne », L'Annuaire Théâtral, n°45, pp.137-151, 2010.

Z. Sternhell, M. Barrès, and . Le-nationalisme-français, , p.35