Éditorial L'ardeur de l'art même. Pratiques discrètes de l'art et leurs non-lieux - Université Rennes 2 Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Pratiques. Réflexions sur l'art Année : 2010

Éditorial L'ardeur de l'art même. Pratiques discrètes de l'art et leurs non-lieux

Leszek Brogowski

Résumé

L’éditorial qui introduit le numéro 21 de la revue Pratiques. Réflexions sur l'art, propose de considérer la discrétion non pas comme un concept, mais comme une façon de pratiquer l’art, comme une attitude. Mériterait donc d’être considéré comme discret l’artiste qui ne s’impose pas au monde au nom de son talent, qui ne s’impose pas à l’art au nom de ses vécus et qui ne s’impose pas aux autres au nom de ses désirs. Cette méthode empirique préalable, même si elle annonce en creux la nécessité d’interroger la discrétion comme concept et stratégie (« À suivre », conclut l’éditorial), n’en propose pas moins les premières analyses de ce type de postures qui piègent une conception aristocratique de l’art et ses doctrines du génie, de l’expression, de l’inspiration ou de la virtuosité. La discrétion dans l’art s’articule donc aux multiples tendances anti-subjectivistes, en stigmatisant notamment le narcissisme de l’artiste et en lui ouvrant le chemin vers la vie quotidienne et son environnement de tous les jours, tout à la fois comme matière et comme inspiration. La distribution des tracts ou d’autres imprimés modestes, l’utilisation du support numérique (web cam) et d’imprimantes de bureau, publications à compte d’auteur, les stratégies de parasitage ou d’effacement, d’anonymat ou de dissémination, le recours au vide et à l’absence, au blanc ou au silence, le fonctionnement en réseaux amicaux de type Mail Art, TAZ, etc., ces pratiques mettent souvent en question l’exposition en galerie d’art et cherchent à inventer de nouveaux lieux, qui sont des non-lieux de l’art. Opposées à l’immodestie du spectaculaire, elles mettent en valeur l’ordinaire, voire les chutes, les ratages et les déchets, pour sortir l’art de l’exotisme de l’extraordinaire comme valeur esthétique, mais sans tomber dans le piège de la distinction entre High & Low. En effet, le Low est souvent synonyme du Kitch, et donc d’une esthétique de l’excès, qui se situe, précisément, à l’opposé de la retenue et de la modestie, tandis que les pratiques discrètes sont une figure de la désesthétisation de l’art, annoncée par Harold Rosenberg. Démystificatrices d’une idéologie esthétique, qui dans l’espace social frôle parfois un fanatisme, les pratiques discrètes dans l’art proposent des alternatives : une autre façon de concevoir et de faire de l’art.
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Identifiants

  • HAL Id : halshs-00624539 , version 1

Citer

Leszek Brogowski. Éditorial L'ardeur de l'art même. Pratiques discrètes de l'art et leurs non-lieux. Pratiques. Réflexions sur l'art, 2010, Pratiques discrètes de l'art et leurs non-lieux (21), pp.2-18. ⟨halshs-00624539⟩
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