La crise économique, la montée des précarités et l'accélération du chômage ont contribué à accentuer le sentiment d'une fragmentation sociale inéluctable de la société urbaine et de ses espaces. A une ville intégratrice a succédé une ville à plusieurs vitesses, une ville des inégalités et de la ségrégation sociale et spatiale. L'ascenseur social désormais en panne a accéléré les ruptures et a précipité les plus fragiles dans la précarité. Le logement social et ses territoires, notamment les grands ensembles, pensés d'abord comme des espaces de modernité, de confort et de croissance sont devenus des espaces de relégation qui abrite ces fragilisés, ces précarisés, ces exclus de la croissance. Pour comprendre la situation des grands ensembles, la thèse privilégie une étude approfondie de situations locales. Elle concerne en effet neuf grands ensembles situés dans les agglomérations mancelle et angevine. La recherche souligne les caractéristiques socio-démographiques et socio-économiques des populations résidantes et met en évidence leurs liens avec les représentations, les perceptions et les pratiques spatiales des individus. Ces caractéristiques sont issues d'une enquête qualitative, réalisée auprès d'un échantillon de quelques centaines d'habitants des quartiers retenus. Ce mode de traitement, dont le résultat est la production de nombreuses typologies, présente l'avantage de comparer les différents espaces géographiques et les différents groupes sociaux entre eux, en fonction des variables retenues; il présente également l'avantage de permettre une hiérarchisation des grands ensembles à partir de l'observation du cumul plus ou moins importants de "critères aggravants" ou "handicapants" de la population résidante, supposée alors plus ou moins "défavorisée".