Développement des inférences pragmatiques et autisme : implicatures scalaires et métaphores à l’âge scolaire - Thèses Université Claude Bernard Lyon 1 Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2023

Pragmatic inference development and autism : scalar implicatures and metaphors at school age

Développement des inférences pragmatiques et autisme : implicatures scalaires et métaphores à l’âge scolaire

Résumé

Pragmatic inferences allow one to infer what a speaker meant by saying what they said. They are as such a key competence to navigate in social environments. They are of particular importance in children’s development, and any impairment (e.g., in conditions such as autism) can induce non-negligeable consequences. It is thus crucial to get a clear understanding of the mechanisms underlying such skills, and to assess them properly. This work focuses on two exemplary pragmatic inferences: scalar implicatures, by which a less informative expression can imply the negation of a more informative alternative (for instance “some” often implies “some but not all”), and metaphors (as in “You are the cream of my coffee”). We introduce two new tablet tasks to assess their maturity during school-age. In a first step, these tasks were used to study typical development among a large sample of approximately 250 neurotypical children between 6 and 11 years-old. While previous studies evidenced early precursors of those inferences at pre-school age, our results demonstrate that school age remains a key developmental window for those skills. On the one hand, this development is visible with scalar implicature, as we show in a first study that age is associated with an increased tendency to spontaneously use informativity to infer speakers’ meanings. On the other hand, we show in a second study that children’s performance with metaphoric references also greatly improves during this developmental window. Furthermore, our results reveal a shift in the cognitive predictors associated with children’s metaphor performance, transitioning from theory of mind in younger children, to formal language skills in older children. This suggests a qualitative change, and not only a quantitative improvement in metaphor comprehension during school age. Based on these developmental landmarks, these two tasks were used to assess autistic children in a third study. Indeed, autism is classically associated with an unusually literal interpretation of language, although the experimental literature tends to nuance that claim. Consistently, our preliminary clinical data confirms that pragmatic inferences also progress in autistic children during school age, yet with developmental trajectories that can diverge from neurotypical children. Instead of indicating a global impairment or general delay, our data reveal a specific pattern of pragmatic performance in autism, with differences evidenced on scalar implicatures, but not on metaphors, conversely to what was expected. We discuss the possibility that the spontaneousness of pragmatic operations might be an important factor to investigate, when considering pragmatic abilities in autism. More generally, this thesis expands on how those results can be used to examine pragmatic models and our understanding of autism, as well as the theoretical perspectives and the implications for clinical practice they shape.
Les inférences pragmatiques permettent d’inférer ce qu’un locuteur voulait dire en disant ce qu’il a dit. Elles sont donc une compétence clef pour naviguer dans notre environnement social. Elles ont notamment une importance particulière dans le développement de l’enfant, et leur entrave dans des conditions comme l’autisme peut entrainer des conséquences négatives non-négligeables. Il est donc capital de bien comprendre les mécanismes à l’œuvre, et de bien les évaluer. Cette thèse se focalise sur deux types classiques d’inférences pragmatiques : les implicatures scalaires, dans lesquelles une expression peu informative implique la négation d’une alternative plus informative (par exemple « quelques » pour sous-entendre « quelques, mais pas tous ») et les métaphores (par exemple, « Tu es la crème de mon café »). Nous proposons deux nouvelles tâches expérimentales sur tablette visant à évaluer leur maturité à l’âge scolaire. Ces tâches ont dans un premier temps été déployées pour évaluer le développement typique de ces habiletés auprès d’un large échantillon d’environ 250 enfants neurotypiques. Alors que des travaux récents mettaient en évidence la précocité de certains précurseurs de ces inférences à l’âge préscolaire, nos résultats soutiennent que la fenêtre de 6 à 11 ans reste une importante période de développement de ces habiletés. Cette maturation est notamment visible pour les implicatures scalaires, puisque nous mettons en évidence dans une première étude que l’âge est associé à une propension grandissante à utiliser spontanément l’informativité pour inférer les intentions de communication d’un locuteur. De même, nous montrons dans une deuxième étude que les performances des enfants en compréhension de références métaphoriques progressent également fortement à cet âge. Nos résultats révèlent en outre une bascule dans les prédicteurs cognitifs associés à la compréhension des métaphores, de la théorie de l’esprit chez les enfants les plus jeunes aux compétences langagières formelles chez les plus âgés. Ces éléments suggèrent un changement qualitatif et pas seulement quantitatif dans le développement pragmatique à cette période. Fort de ces repères développementaux, nous avons utilisé ces deux tâches pour évaluer des enfants autistes dans une troisième étude. En effet, l’autisme est classiquement associé à une interprétation inhabituellement littérale du langage, mais la littérature expérimentale pousse à nuancer cette affirmation. En cohérence, nos données cliniques préliminaires confirment que le développement pragmatique à l’âge scolaire est également actif chez les enfants autistes, mais avec des trajectoires qui peuvent diverger de celles d’enfants neurotypiques. Plutôt que de révéler une incapacité pragmatique globale, ou un retard généralisé, nos données dévoilent un pattern spécifique associé à l’autisme, avec des atypies visibles ici sur les implicatures scalaires, mais pas sur les métaphores, à l’inverse de ce qui était attendu. Nous discutons la possibilité que le caractère spontané ou non d’une opération pragmatique soit un paramètre important à prendre en compte pour mieux comprendre les particularités associées à l’autisme. Cette thèse développe plus généralement comment l’ensemble de ces résultats peuvent être utilisés pour interroger les modèles pragmatiques et les modèles de l’autisme, tout comme les perspectives théoriques et les implications pratiques qu’ils dessinent.
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Origine : Version validée par le jury (STAR)

Dates et versions

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  • HAL Id : tel-04575648 , version 1

Citer

Nicolas Petit. Développement des inférences pragmatiques et autisme : implicatures scalaires et métaphores à l’âge scolaire. Sciences cognitives. Université Claude Bernard - Lyon I, 2023. Français. ⟨NNT : 2023LYO10246⟩. ⟨tel-04575648⟩
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